À Bourg-Blanc (Finistère), MéGo ! collecte, dépollue et transforme en plastique les filtres de cigarettes. Il s’agit de la première unité de valorisation des mégots en France.
Début novembre, la mairie de Plougonvelin (Finistère) mettait en place six cendriers récupérateurs de mégots : à la plage, devant la salle des fêtes, le cinéma et le centre culturel. Quelques jours plus tard, c’est le Mc Do de Châteaulin qui installait un cendrier en forme de cigarette au niveau de son drive.

À chaque fois, il s’agit de sensibiliser les fumeurs à l’importance de ne pas jeter leurs mégots n’importe où, et de réduire les coûts de nettoyage. Mais que faire des kilos de filtres de cigarettes récoltés ?

Jusqu’ici, on les brûlait. La nouveauté, c’est MéGo!, une petite entreprise de Bourg-Blanc, au nord de Brest. Elle assure la collecte, la dépollution en circuit fermé et le recyclage des restes de cigarettes .

L’idée de Bastien Lucas, créateur et gérant de MéGo !, part d’un constat alarmant. Les deux-tiers des mégots finissent dans la nature, sur les trottoirs ou dans les égouts. Et un filtre de cigarette met quinze ans à se dégrader.

Ce faisant, il libère des substances toxiques issues de la combustion : nicotine, goudron, arsenic, méthanol, ammoniac, plomb, résidus de pesticides, de métaux lourds, de phénols, d’acide cyanhydrique… Et par ruissellement, les filtres et ces produits finissent souvent dans l’eau.

Aux entreprises et collectivités tentées par sa démarche, MéGo ! propose un pack de communication pour sensibiliser les fumeurs (affiches, autocollants, cendriers de poche), une gamme de cendriers design et un service de ramassage des mégots, partout en France.

Une fois rendues à Bourg-Blanc, les clopes sont triées avant d’être broyées puis traitées. « Un kilo collecté contient 2 000 mégots. On y trouve 12 % de papier, de tabac et de cendres et 8 % de boues que l’on sépare des 80 % d’acétate de cellulose, détaille Bastien Lucas. C’est la matière qui compose les filtres, celle qui nous intéresse. Tous les polluants qu’elle contient sont extraits dans l’eau via une technologie en circuit fermé. Ils sont ensuite évacués en déchets dangereux. »

Au terme du processus, on retrouve, d’un côté, de l’eau dépolluée réutilisée pour le cycle suivant et, de l’autre, des boues d’acétate de cellulose. Une fois séchées, elles sont fondues puis thermo-compressées. Le résultat ? Des plaques de matière plastique qui deviennent des poubelles de rues, du mobilier, voire des cendriers…

Le site de la petite usine respecte toutes normes environnementales en vigueur. Il a déjà traité deux tonnes de mégots mais va bientôt être équipé pour en accueillir cent par an.

Car chez MéGo! on voit plus loin que le Finistère. Grâce à des partenaires chargés de la collecte du contenu des cendriers en bidons fermés, la petite entreprise est déjà présente à la Défense, chez Thalès, à la Poste, chez B & B Hotels, Géodis, Enedis, Hénaff ou dans des villes comme Castres et Montauban, dans le Sud-Ouest.

Source : Philippe Gaillard / Ouest France

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